Concurrence déloyale dans l'industrie de la savonnerie des couches et des serviettes hygiéniques

La concurrence déloyale est une problématique majeure qui nécessite une compréhension claire et approfondie pour prévenir ses effets néfastes. Elle peut se définir comme une série de pratiques commerciales illégitimes visant à saper une entreprise concurrente, et constitue une violation des règles établies régissant les relations entre concurrents dans le monde des affaires. Nous nous sommes intéressés à décrypter la situation de la concurrence déloyale en Côte d’Ivoire dans le secteur de l'industrie de la savonnerie qui fait face à ce fléau. 

Des sociétés menacées de faillite

Des industries risquent de déclarer faillite à cause de la concurrence déloyale galopante orchestrée par des sociétés basées au Ghana. C'est le cas notamment de Sunda International. Selon nos sources, cette société chinoise importe des produits finis de détergents, de couches, et de la lessive déjà emballés pour les vendre sur le territoire ivoirien. Nos sources soutiennent que les taxes appliquées sur ces importations ne sont pas du tout conformes. Alors que d'autres sociétés respectent la législation en la matière et ajustent ses prix en fonction des fluctuations des matières premières. "Nous avons investi plusieurs dizaines de milliards pour créer des emplois et l'industrie de détergents et de couches en général nous coûte 10 milliards de Fcfa par an", révèle un des responsables d'une société victime de cette concurrence déloyale qui a requis l'anonymat. Une enquête menée les lundi 15 et mardi 16 juillet à Noé, ville frontalière du Ghana voisin dans la région du Sud Comoé a permis de faire l'amer constat. Par exemple le produit Doffi, un savon en poudre produit au Ghana rentre en Côte d’Ivoire dans des dizaines de camions remorques pour être deversé sur le marché ivoirien. Pourtant ce produit est fabriqué au Ghana en HT. 

Depuis quelques temps ces produits en provenance de ce pays voisin ont envahi le marché ivoirien. A Treichville, Marcory, Yopougon kouté et à Yopougon siporex, quartiers où ces produits ghanéens sont vendus dans tous les coins des rues et à vil prix. Ils oscillent entre 50 et 100F. A Yopougon Siporex non loin de la gare le Labelle, des grossistes sont visibles. Le sac de 50 kg de poudre en sachet est vendu à 4000 F . Mais ce prix peut être revu à la baisse, en fonction de la commande, nous confie une des vendeuses. Notons que ces produits deversés en Côte d’Ivoire sont vendus à des prix qui défient toute concurrence car le processus de dédouanement à la frontière entre les deux pays n'est pas conforme. D'autre part, le label autrement dit l'étiquetage est indiqué en anglais. Toute chose qui ne répond pas aux normes définies par la législation ivoirienne. Pire, ces produits ne présentent aucun code barre ni de grammage sur les emballages, ce qui constitue une infraction en matière de vente de produits destinés à la consommation.

Nos sources révèlent que la société Unilever, l'ex société Blohorn, qui fut le tout premier fabricant de la poudre OMO a du fermer depuis 2015 du fait de la concurrence déloyale. " Nous ne voulons pas être victimes de cette situation car nous employons des centaines de jeunes ivoiriens qui risquent de se retrouver sur le carreau avec des répercussions dramatiques sur leurs familles", prévient un des responsables de société. Depuis le lundi 15 juillet nous avons tenté d'avoir la réaction des douaniers de la zone frontalière, en vain. Le samedi 20 juillet une de nos source s'est rendue derrière le dépôt de la sotra de la zone industrielle de Yopougon pour avoir la version de la société chinoise Sunda International à son siège, comme indiqué. Mais, selon des personnes rencontrées, la société a déménagé et les deux contacts dont nous disposons ne sont pas fonctionnels. 
 Au regard de tout ce qui précède, il sied de souligner que ,la concurrence déloyale, au-delà de son impact sur les entreprises individuelles, peut également perturber le bon fonctionnement du marché et de l’économie dans son ensemble. Elle fausse les règles du jeu équitable, défavorise l’innovation, et peut mener à des situations de monopole ou d’oligopole. En réduisant la confiance entre les acteurs économiques, elle peut aussi freiner l’investissement et la croissance.