TENSION
Crise en Libye : Abdelhamid Dbeibah exhorte les groupes armés à déposer les armes
Le chef du gouvernement de Tripoli Abdelhamid Dbeibah, contesté deux soirs de suite par des centaines de manifestants après des combats violents dans la capitale, a pris la parole samedi pour appeler les groupes armés à «rejoindre les institutions de l'État». «Nous accueillerons favorablement tous ceux qui se rangent du côté de l'État», a-t-il déclaré dans son premier discours depuis des affrontements très violents entre des groupes armés et des forces fidèles au gouvernement, promettant d'œuvrer «pour une Libye libérée de la corruption et des milices».
- Politique

Crédit Photo : aucun droit.
Abdelhamid Dbeibah.
Minée par les divisions depuis la chute du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est gouvernée par deux exécutifs parallèles: celui de Dbeibah dans l'ouest, et un autre dans l'est affilié au maréchal Khalifa Haftar. Selon les experts, après des années de tolérance, Dbeibah, au pouvoir depuis février 2021, a entrepris lundi de démanteler les groupes armés se partageant le territoire de Tripoli, devenus ultra-puissants.
Justification de l’assassinat du chef du groupe SSA
Dans son discours, le premier ministre a justifié l'assassinat lundi du chef du groupe SSA (Dispositif de soutien à la stabilité), Abdelghani «Gheniwa» el-Kikli, en estimant que «certaines milices s'étaient développées démesurément au point de contrôler tout le paysage politique, financier, économique et même social». Il a énuméré une série de méfaits du SSA dont «l'exécution de sang-froid de dix personnes»récemment par le neveu de «Gheniwa», la mainmise d'un de ses lieutenants sur «six banques» et un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale contre un autre de ses bras droits, Ousama Al Masri Nejim.
«Pour la première fois, je peux vous dire que vous pouvez espérer vous débarrasser des milices», a dit Abdelhamid Dbeibah, promettant d'écarter les groupes «qui privilégient le chantage et la corruption». En revanche, il a tendu la main à la Force Radaa, qui contrôle l'est de Tripoli et l'aéroport, dont il avait annoncé la dissolution mardi, ce qui avait provoqué des combats jusqu'à mercredi soir avec des tirs d'obus et de roquettes en plein centre ville. Contrairement au SSA, le groupe Radaa est relativement respecté, même s'il gère des prisons considérées comme illégales. Ses membres salafistes exercent des fonctions de police contre le trafic de drogue ou le terrorisme jihadiste.
500 Libyens dans les rues pour réclamer le départ de Dbeibah
«Tenter de semer la discorde entre nous et Souq al-Joumaa (le quartier fief de ce groupe, ndlr) est voué à l'échec», a dit Dbeibah, reconnaissant «une erreur partagée» à propos des «affrontements en plein coeur de Tripoli dans des quartiers remplis de gens». Avant la diffusion de son discours enregistré à l'avance, environ 500 Libyens étaient descendus dans les rues du centre-ville pour réclamer le départ de ce chef du gouvernement qu'ils rendaient responsable des combats en plein centre-ville, ayant fait au moins huit morts selon l'ONU.
La veille, ils étaient des milliers réunis sur la Place des Martyrs, lieu emblématique, avant de se rendre devant le siège du gouvernement, tout proche. Un policier a été tué alors qu'il sécurisait les lieux lors d'une «tentative d'assaut» d'un «groupe mêlé aux manifestants», selon un communiqué officiel. Dbeibah semblait jusqu'à samedi soir très fragilisé sur le plan politique après l'annonce par les médias d'au moins six démissions au sein de son gouvernement dont seulement deux ont finalement été confirmées.
Des tractations avaient en outre démarré entre son ennemi politique Khaled el-Mechri, président du Haut Conseil d'État (sorte de Sénat) et le Parlement basé à l'est pour «choisir une personnalité nationale afin de composer un nouveau gouvernement», selon un communiqué du Parlement. Mais M. Dbeibah a reçu samedi deux délégations de dignitaires de Tripoli et de sa ville natale de Misrata, venues lui apporter leur soutien pour «mettre fin (au pouvoir) des groupes armés et consolider l'autorité de l'État», selon un communiqué gouvernemental.
LSI AFRICA avec AFP.
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