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VERDICT

Putsch présumé à Madagascar: deux Français condamnés à 10 et 20 ans de travaux forcés

Accusés d'avoir voulu assassiner le président de Madagascar Andry Rajoelina, deux Français au nombre des vingt accusés de ce coup d'État présumé ont été condamnés vendredi à 10 et 20 ans de travaux forcés par la justice malgache. 

Crédit Photo : AFP
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Andry Rajoelina, président du Madagascar.

Le tribunal a infligé une peine d'emprisonnement assorti de travaux forcés de 20 ans à Paul Rafanoharana, un Franco-Malgache, qui connaît bien le président Rajoelina dont il a été un conseiller et de 10 ans à Philippe François, ancien colonel de l'armée française et Saint-Cyrien reconverti dans les affaires. Le parquet avait requis la perpétuité, de même que pour deux autres accusés, également condamnés à des travaux forcés: cinq ans pour l'épouse de Paul Rafanoharana, Voahangy Andrianandrianina et 10 ans pour l'ancienne associée d'affaires de l'ancien colonel, Aina Razafindrakoto.

L'ancien Premier ministre Victor Ramahatra, 76 ans, dont le parquet avait aussi demandé l'emprisonnement à vie, a écopé de cinq ans prison avec sursis. Egalement mise en cause, la compagne de Philippe François, Brigitte Mroczek a été relaxée au bénéfice du doute. Arrêtés en juillet et soupçonnés d'une opération répondant au nom de code «Apollo 21», ils étaient accusés d'atteinte à la sûreté de l'État, d'association de malfaiteurs et de complot en vue d'assassiner le président. Mercredi et jeudi, ils ont plaidé non coupable, arguant de nombreux vices de procédures entachant le dossier selon eux et de preuves «insuffisantes». Vingt personnes comparaissaient au total dans ce procès sous haute tension. En août, le président Rajoelina s'était interrogé en août sur une éventuelle implication de la France dans le complot. Paris ne s'est pas exprimé sur l'affaire.

Selon l'avocat général, Arsène Rabe, les 20 prévenus appartenaient à «une organisation criminelle» cherchant à «commettre un attentat contre le président Rajoelina», et ont contribué à mettre sur pied le projet «grâce à des mails, des armes et de l'argent, saisis» lors de perquisitions. La défense a de son côté soutenu que les liens entre les accusés n'étaient pas solidement établis et que la présomption d'innocence n'avait pas été respectée, en raison notamment de nombreuses fuites dans la presse. «Nous allons nous pourvoir en cassation», a réagi à l'annonce du verdict Me Solo Radson, l'avocat de Paul Rafanoharana, dénonçant «un verdict injuste», un «dossier vide» et «un procès politique». «Nous avons de bonnes raisons de penser que la décision puisse être cassée en Cour de cassation, a renchéri Me Mamy Radilofe, l'avocat de Aina Razafindrakoto, convaincue que la juridiction suprême ne laissera pas passer les nombreux vices de procédures.

Une lettre et de l'argent

Silhouette longue et souple, strictes lunettes, Paul Rafanoharana est considéré comme le cerveau de l'histoire. Ce Franco-Malgache a été le conseiller diplomatique jusqu'en 2011 d'Andry Rajoelina, ancien maire de la capitale. Au cours du procès, il a reconnu l'existence d'une lettre, dans laquelle il demandait dix millions d'euros au PDG de Benchmark, qui a investi dans l'exploitation du pétrole sur l'île, pour »garantir le renversement du régime en place«. En échange, l'entreprise avait un accès garanti à un gisement. »Ce n'est pas un crime que d'avoir pensé à neutraliser la mafia autour du président«, s'est-il défendu au tribunal, évoquant »une réflexion purement intellectuelle« sur un changement politique. Ancien colonel de l'armée française sorti de la prestigieuse école militaire de St-Cyr, Philippe François est accusé d'avoir joué les complices. Dirigeant d'une société d'investissement à Madagascar, il est soupçonné d'avoir dissimulé les activités illégales du projet Apollo 21 à travers sa société écran.

«Je n'ai jamais songé à attenter à la vie du président», a-t-il déclaré aux juges, se revendiquant «catholique et père de six enfants.» Il a toutefois admis avoir eu connaissance du projet de M. Rafanoharana mais refusé d'y prendre part: »Je suis là pour le business, la politique ne m'intéresse pas", lui aurait-il dit. Au total, vingt accusés comparaissaient dont le chanteur, Yvon Sareraka et cinq gendarmes malgaches. Ces membres des forces spéciales sont soupçonnés d'avoir été recrutés pour former un commando en vue de perpétrer le coup. Ils ont nié en bloc.

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