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CONFLIT

Bamako reprend le contrôle du complexe aurifère de Barrick Mining

Le différend entre l’État malien et le géant canadien de l’or Barrick Mining a franchi un nouveau cap. Le bureau principal du groupe à Bamako, fermé depuis avril, a été rouvert en début de semaine sous la supervision d’un administrateur judiciaire nommé par la justice malienne. Cette décision intervient quelques jours après que le complexe aurifère Loulo-Gounkoto a été placé sous contrôle de l’État par un tribunal malien, dans le cadre d’un litige de longue haleine portant sur la fiscalité minière et la souveraineté économique.

 

Crédit Photo : DT
Crédit Photo : DT

Désigné administrateur provisoire par la cour, l’ancien ministre malien de la Santé, Soumana Makadji, a pris ses fonctions lundi à la tête des installations de Barrick dans la capitale. Il a immédiatement convoqué une réunion avec le personnel sur place et annoncé son intention de se rendre sur le site minier dès mercredi. Selon des sources présentes à la réunion, il a assuré que la reprise des opérations permettrait aux mines de redevenir financièrement autonomes, notamment grâce à la reprise des exportations d’or, suspendues depuis janvier 2025.

Depuis plusieurs mois, les tensions entre le gouvernement de transition dirigé par les militaires et Barrick Mining se sont intensifiées. Le cœur du contentieux repose sur la mise en œuvre d’un nouveau code minier, adopté en 2023, qui prévoit une hausse significative des taxes et une plus grande participation de l’État dans les recettes issues de l’exploitation des ressources naturelles. Barrick, principal opérateur aurifère du pays, rechigne à appliquer certaines clauses, évoquant une atteinte à la stabilité contractuelle.

Le ton est monté à la mi-janvier, lorsque les autorités maliennes ont bloqué les exportations d’or de la société canadienne et procédé à la saisie de trois tonnes de métal précieux. Peu après, le bureau de Barrick à Bamako avait été fermé par l’administration fiscale, invoquant un redressement pour non-paiement d’impôts. La décision judiciaire du 16 juin de placer le site sous gestion publique marque un tournant décisif : l’État malien entend désormais piloter les activités minières « dans l’intérêt national », selon un conseiller du ministère des Mines.

En parallèle, Soumana Makadji multiplie les rencontres. Il a entamé des discussions avec les principaux sous-traitants de la société, dans l’optique de sécuriser la chaîne de production et rassurer les partenaires. Dans une déclaration à la presse locale, il a estimé que « la relance rapide du site est non seulement possible, mais indispensable pour préserver l’emploi et maintenir les recettes fiscales de l’État ».

Ni Barrick Mining ni le ministère malien des Mines n’ont pour l’instant réagi publiquement à cette nouvelle étape. Toutefois, le groupe canadien a déjà fait savoir qu’il entend faire appel de la décision du tribunal et contester la nomination d’un administrateur provisoire, qu’il considère comme une entorse aux accords bilatéraux de protection des investissements.

Reste à savoir si cette reprise en main administrative débouchera sur une exploitation plus efficace et plus équitable des ressources. Les investisseurs internationaux, de leur côté, observent avec inquiétude ces évolutions, redoutant une instabilité juridique croissante dans une région déjà marquée par l’insécurité et les incertitudes politiques.

LSI AFRICA avec Reuters

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