Mali : l’extrême pauvreté a augmenté quatre ans après le coup d’État du 18 août 2020

Le coup d'État d'août 2020 dans cette nation troublée d'Afrique de l'Ouest a été déclenché par la colère de la population face à des dirigeants corrompus soutenus par l'ancienne puissance coloniale, la France, une insurrection djihadiste qui se propageait et les difficultés économiques. Nombreux sont ceux qui attendent encore que la vie s'améliore. "La façon dont ils ont géré la situation de l'électricité est un problème. De nombreux Maliens subissent d'énormes pertes", a déclaré à Reuters Oumar Diarra, fabricant de meubles. "Le gouvernement doit faire un effort car nous souffrons énormément.

Le coup d'État de 2020 au Mali a contribué à déclencher une vague de coups d'État dans la région du Sahel au sud du désert du Sahara, notamment chez les voisins du Burkina Faso et du Niger, qui luttent contre les mêmes groupes djihadistes liés à Al-Qaïda et à l'État islamique. Les dirigeants militaires actuels du Mali, qui ont pris le pouvoir lors d'un second coup d'État en 2021, sont revenus sur leur promesse d'organiser des élections en février, reportant le vote indéfiniment pour des raisons techniques. 

Allasana Ag Agaly, un orfèvre, a déclaré que les coupures d'électricité touchaient tous les ménages au Mali. "Si le chef de famille sort le matin et revient le soir sans pouvoir travailler pour apporter quelque chose à sa famille, cela affectera les enfants, les femmes et la vie de tous les jours", a-t-il déclaré.  Selon la Banque mondiale, la croissance économique du Mali devrait ralentir à 3,1 % cette année, contre 3,5 % l'année dernière, et les niveaux d'extrême pauvreté devraient augmenter. Environ 90 % de la population malienne vit dans la pauvreté. Les chefs militaires du Mali, ainsi que ceux du Niger et du Burkina Faso, ont également chassé les troupes françaises et de l'ONU qui étaient impliquées dans la lutte contre les insurgés islamistes depuis une décennie, et se sont tournés vers la Russie pour obtenir de l'aide. 

Certains habitants disent garder espoir et considèrent les difficultés actuelles comme le prix à payer pour une plus grande indépendance vis-à-vis de la France. "L'indépendance politique sans indépendance économique n'a pas de sens", a déclaré Alkady Haidara, un habitant de Bamako, la capitale. "Je demande simplement aux Maliens d'être patients, car cela fait partie de la vie. Il faut passer par des moments difficiles pour connaître des moments meilleurs".