TENSION
Renseignement militaire : le Niger met fin à sa coopération avec la Russie
Sous pression, le régime militaire nigérien met subitement fin à sa coopération en matière de renseignement avec Moscou et Ankara. Une rupture qui expose l’ampleur de la crise sécuritaire et les divisions internes. Sur le terrain, les militaires commencent à contester de plus en plus l’autorité de Niamey.
- Sécurité

Crédit Photo : PRN
Image d’illustration.
Le Niger rompt les liens avec Moscou. En pleine tourmente sécuritaire, les autorités militaires de Niamey ont discrètement mis fin aux accords de coopération en matière de renseignement avec la Russie et la Turquie. Selon des sources sécuritaires confirmées par le média Zagazola, la Direction générale de la documentation et de la sécurité extérieure (DGDSE) a dénoncé la faiblesse opérationnelle des équipements et des techniciens fournis par les partenaires russe et turc, notamment dans le domaine de l’interception téléphonique. En remplacement, Niamey avait engagé une société marocaine spécialisée dans le renseignement numérique, soutenue par l’ARCEP. Mais l’accord a été rompu dans l’urgence, après la révélation d’un lien indirect avec un prestataire privé français. La junte, très sensible à toute influence occidentale depuis la rupture avec Paris, a immédiatement ordonné le démantèlement du dispositif.
Ce désengagement brutal s’accompagne d’une crise interne dans les rangs militaires. À Tillabéri, dans l’ouest du pays, les soldats ont commencé à désobéir aux ordres, après la disparition de 135 membres de la Garde nationale lors d’une embuscade attribuée à l’État islamique dans le Sahel. L’absence de réaction du haut commandement a provoqué un vif mécontentement sur le terrain. Plusieurs unités ont refusé des missions de renfort, comme à Ayorou, après la mort de douze soldats à Sakoira. Le commandant régional dépêché sur place pour calmer les tensions a été hué par ses propres hommes. Selon des sources militaires, l’état-major peine désormais à faire appliquer ses décisions sur le terrain.
La rupture dans le domaine des renseignements avec la Russie, initialement présentée comme un pivot stratégique post-français, symbolise aujourd’hui une stratégie de sécurité en grande difficulté. Le Niger sous Mohamed Bazoum était un acteur central dans la lutte contre les groupes djihadistes au Sahel, l’instabilité et l’insécurité sous la junte militaire, inquiètent les partenaires régionaux. Le pays, déjà suspendu de la CEDEAO, semble désormais pris au piège d’une double crise : une défiance de ses alliés internationaux, et une désobéissance militaire qui menace l’équilibre du régime.
Situé en Afrique de l’Ouest, le Niger fait face à de profonds défis économiques et humanitaires. Malgré une croissance agricole prometteuse, près de 45,3 % de la population vit encore dans l’extrême pauvreté – un taux qui pourrait diminuer à 35,8 % d’ici 2027. Selon la Banque mondiale, en 2025, quelque 4,8 millions de personnes auront besoin d’une aide humanitaire, dont plus de 3 millions d’une assistance alimentaire d’urgence. Le pays abrite également près d’un million de réfugiés et déplacés internes, concentrés notamment dans les régions de Tillabéri, Diffa et Tahoua, en proie à l’insécurité.
LSI AFRICA
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