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Onze membres de l’armée de l’air nigériane sont retenus au Burkina Faso depuis plus de quarante-huit heures, malgré les démarches diplomatiques engagées par Abuja. Leur détention, jugée injustifiée par le Nigeria, intervient alors que les autorités burkinabè n’ont fourni aucune explication officielle.

La détention prolongée de onze pilotes et techniciens de l’armée de l’air nigériane à Ouagadougou dépasse désormais le cadre d’un simple incident diplomatique. Depuis plus de 48 heures, ces personnels militaires sont retenus au Burkina Faso sans justification officielle, sans communication transparente et en violation manifeste des usages internationaux encadrant l’aviation militaire, même en période de tension. Malgré plusieurs démarches diplomatiques menées discrètement par Abuja, les autorités burkinabè restent inflexibles. Ce silence, conjugué à l’absence de réaction de l’OACI, de la CEDEAO et d’autres instances multilatérales, contribue à nourrir la perception d’un acte hostile, délibéré et politiquement motivé.

Cette séquence intervient au lendemain de la tentative de coup d’État au Bénin, déjouée grâce à la réaction rapide des forces béninoises, appuyées par l’intervention aérienne du Nigeria. Les éléments désormais établis – implication de mercenaires burkinabè, soutien logistique venu du Niger, accueil du putschiste dans un pays voisin – dessinent un schéma cohérent : plusieurs acteurs de l’Alliance des États du Sahel apparaissent liés, directement ou indirectement, à l’opération visant à renverser le président Patrice Talon. Dans ce contexte, la décision de retenir du personnel militaire nigérian résonne comme une mesure de représailles ou d’intimidation à l’égard d’Abuja, qui a joué un rôle déterminant dans l’échec du putsch.

L’affaire rappelle fortement la crise des 46 militaires ivoiriens détenus au Mali entre juillet 2022 et janvier 2023. À l’époque, Bamako avait également justifié une arrestation arbitraire par des arguments politiques sans fondement, transformant un dossier technique en bras de fer diplomatique prolongé. De nombreuses voix au sein des institutions régionales avaient alors dénoncé une instrumentalisation politique destinée à montrer la puissance supposée du régime militaire malien face à ses voisins. Aujourd’hui, l’attitude de Ouagadougou semble s’inscrire dans la même logique : contester les règles établies, défier les partenaires traditionnels et exhiber une posture de confrontation qui fragilise encore davantage un espace sahélien déjà sous tension.

La question centrale demeure : quel message le Burkina Faso souhaite-t-il envoyer en retenant illégalement onze militaires d’un pays avec lequel il partage des liens historiques et sécuritaires majeurs ? Le Nigeria n’a jamais posé d’acte hostile envers le Burkina, ni envers aucun État de l’AES. À l’inverse, il a régulièrement soutenu la lutte régionale contre les groupes jihadistes et plaidé pour une coopération élargie. Pourtant, au lieu de privilégier le dialogue et la concertation, Ouagadougou opte pour une stratégie d’escalade qui met en péril la sécurité collective et affaiblit davantage la stabilité déjà précaire du Sahel.

À mesure que les heures passent, les faits s’accumulent et convergent : détention arbitraire, refus de coopération, implication d’acteurs burkinabè dans le coup d’État au Bénin, absence totale de transparence. L’enchaînement de ces événements confirme un rôle trouble, désormais difficile à nier, de certains États de l’AES dans la tentative de renversement du pouvoir béninois. Alors que la région fait face à une montée continue des menaces jihadistes, le choix de la confrontation entre États voisins apparaît non seulement dangereux, mais profondément contre-productif.

LSI AFRICA

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