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PRÉSIDENTIELLE AU NIGERIA

Présidentielle au Nigeria: la lenteur du décompte alimente les craintes de fraude

Le Nigeria attendait lundi, pour la deuxième journée consécutive, les résultats d'une présidentielle très disputée dans le pays le plus peuplé d'Afrique, où la lenteur du décompte et des accusations de manipulation alimentent les tensions. 

Crédit Photo: Michele Spatari
Crédit Photo: Michele Spatari

Décompte des voix pour la présidentielle, le 26 février 2023 à Abuja, au Nigeria.

Plus de 87 millions d'électeurs ont voté samedi pour choisir parmi 18 candidats la personne qui aura la lourde tâche pendant quatre ans de redresser le Nigeria, plombé par une économie en berne, les violences récurrentes de groupes armés et de bandits, ainsi qu'un appauvrissement généralisé de la population. L'annonce des résultats, Etat par Etat, va prendre du temps: après avoir donné dimanche les chiffres pour Ekiti, un petit Etat du sud-ouest, la Commission électorale nationale (Inec) a reporté la suite à lundi matin. A 12H00 heures locales, elle n'avait toujours pas repris. Le Nigeria compte 36 Etats et le territoire de la capitale fédérale Abuja.

Le vote de samedi s’est déroulé dans le calme, malgré quelques incidents sécuritaires et des couacs logistiques, qui ont provoqué des retards: les dépouillements se sont parfois prolongés tard dans la nuit, en présence de nombreux électeurs restés pour "protéger" leur vote. Le processus électoral s'est compliqué au moment du transfert électronique des résultats, expérimenté pour la première fois au niveau national: la plupart des agents, qui étaient censés télécharger les résultats depuis les bureaux sur une plateforme de la Commission électorale nationale (Inec), n'ont pas réussi à le faire.  Cette nouveauté avait été introduite pour améliorer la transparence du scrutin et restaurer la confiance des électeurs dans ce pays où les élections passées ont toutes été entachées par des accusations de fraudes.

 "Triche" 

Lundi matin, seul 30% des résultats des quelque 176.000 bureaux ont été téléchargés sur la plateforme de l'Inec, qui a reconnu dimanche "des problèmes techniques" assurant toutefois que les résultats "étaient en sécurité" et ne pouvaient pas "être falsifiés". Mais déjà, les premières accusations de manipulations et d'attaques sur les centres de collecte ont émergé.  Dimanche, le candidat de l'opposition (PDP), Atiku Abubakar, a appelé l'Inec à rester neutre et à publier les résultats au plus vite, affirmant que certains gouverneurs essayaient de compromettre le processus électoral. 

Lundi, le PDP a accusé le parti au pouvoir (APC) de tentatives de fraude, notamment à Lagos, capitale économique qui compte le plus grand nombre d'électeurs inscrits (7 millions). "L'APC fait tout son possible pour tricher à Lagos", a lancé à la presse son porte-parole, Dele Momodu. De son côté, le Parti travailliste du candidat outsider Peter Obi a également évoqué des "pressions" de l'APC sur l'Inec. La police nationale a appelé lundi matin à respecter les principes de "l'accord de paix" signé par les candidats à la veille de la présidentielle.

A Kano, plus grande ville du nord, des "voyous" ont tenté de mettre le feu dimanche à un centre de collecte, avant l'intervention des forces de sécurité, selon la police locale. Les craintes de tension sont vives, car les résultats s'annoncent plus serrés que jamais: Pour la première fois depuis le retour à la démocratie en 1999, le Nigeria pourrait connaître une présidentielle à deux tours. L'ex-gouverneur d'Anambra (sud-est), Peter Obi, un chrétien de 61 ans soutenu par le petit Parti travailliste (LP) est très populaire auprès de la jeunesse et a réussi à s'imposer comme un challenger crédible. 

 Deuxième tour ? 

Ses deux principaux adversaires, rompus à l'exercice du pouvoir, bénéficient eux d'une vaste assise nationale. Le candidat du parti au pouvoir (APC) Bola Tinubu, 70 ans, est surnommé le "parrain" du fait de son influence politique. Ex-gouverneur de Lagos (1999-2007), ce Yorouba de confession musulmane affirme être le seul à pouvoir redresser le Nigeria. Il a été accusé de corruption et a nié, tout comme Atiku Abubakar, autre candidat, issu du principal parti d'opposition (le PDP, au pouvoir de 1999 à 2015). A 76 ans, cet ancien vice-président (1999-2007) de confession musulmane briguera pour la sixième fois la présidence. Originaire du nord, il espère y rafler de nombreux votes.

Le vote ethnique et religieux est important au Nigeria qui compte plus de 250 groupes ethniques, polarisé entre un nord majoritairement musulman et un sud à dominante chrétienne. Pour être élu dès le premier tour, le vainqueur doit obtenir, outre la majorité des suffrages exprimés, au moins 25% des voix dans les deux tiers des 36 Etats de la fédération auxquels s'ajoute le territoire d'Abuja. Sinon un second tour devrait avoir lieu dans les 21 jours. Ce scrutin est crucial: le Nigeria - 216 millions d'habitants - devrait devenir en 2050 le troisième pays le plus peuplé au monde, tandis que l'Afrique de l'Ouest est menacée par un fort recul démocratique et la propagation de violences jihadistes. La première économie du continent est devenue une puissance culturelle mondiale, grâce notamment à l'Afrobeats, genre musical qui enflamme la planète avec des stars comme Burna Boy.

Mais face aux immenses difficultés du quotidien, aggravées par de récentes pénuries, de nombreux Nigérians appellent au "changement", écœurés par des décennies de mauvaise gouvernance et une élite vieillissante, réputée corrompue.

LSI AFRICA avec AFP

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