Présidentielle en Ouganda : Bobi Wine va défier Yoweri Museveni

Le leader de l'opposition ougandaise, Bobi Wine, star de la pop devenue figure politique, a été autorisé mercredi à se présenter à l'élection présidentielle, l'opposant une seconde fois à Yoweri Museveni, un président de longue date qu'il a déjà affronté au cours d'une carrière marquée par de multiples arrestations et incarcérations en raison de son opposition au dirigeant en place.

Wine, de son vrai nom Robert Kyagulanyi, avait déjà défié Museveni lors du scrutin de 2021, où il était arrivé en deuxième position. Âgé de 43 ans, il avait toutefois rejeté les résultats, affirmant que sa victoire lui avait été volée à travers des bulletins pré-remplis, des intimidations par les forces de sécurité, la falsification des résultats et la corruption des électeurs.

Museveni, 81 ans, qui dirige ce pays d'Afrique de l'Est depuis 1986, a obtenu mardi l'autorisation de briguer un nouveau mandat. S'il l'emporte, son règne s'étendra sur près d'un demi-siècle. « Notre pays est l'un des plus riches de la planète en termes de ressources naturelles donc... notre problème n'est pas le manque de richesses », a déclaré Wine après avoir été officiellement désigné candidat par le principal responsable de la commission électorale à Kampala, la capitale. « Notre problème, c'est l'absence de leadership, un leadership qui servirait le peuple au lieu de le terroriser et de l'exploiter. »

Le parti de Kyagulanyi, la Plateforme d'Unité Nationale (NUP), dénonce depuis des années ce qu'il considère comme des enlèvements continus, des détentions illégales et des actes de torture perpétrés contre ses partisans et responsables par le gouvernement de Museveni. Muhoozi Kainerugaba, fils de Museveni et chef de l'armée, a menacé en janvier de décapiter Wine.

En mai, Muhoozi a également reconnu avoir retenu un responsable disparu de la NUP dans son sous-sol et a proféré de nouvelles menaces de violence à son encontre. Des dizaines de partisans et responsables de la NUP ont passé des mois, voire des années, en prison pour des accusations que Wine et d'autres qualifient de politiquement motivées.

Le gouvernement rejette les accusations d'enlèvements et de tortures de membres de l'opposition et affirme que les forces de sécurité n'arrêtent des personnes qu'en cas de soupçons légitimes d'infraction. « Nous nous battons pour une meilleure Ouganda, nous nous battons pour les agriculteurs... pour les jeunes diplômés sans emploi, nous nous battons pour les habitants des ghettos, ces jeunes dont l'avenir est volé », a déclaré Wine.

Surnommé le « président du ghetto » en raison de sa popularité dans un grand quartier défavorisé de la capitale, là où sa carrière musicale a débuté au début des années 2000, Wine estime être le mieux placé pour répondre aux besoins de la nombreuse jeunesse ougandaise, dont il se considère lui-même issu.