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Par Alexandre K. MOSENGO

RDC-RWANDA / Comprendre l’accord du 27 juin : souveraineté, ressources et justice en ligne de mire

L’accord signé à Washington entre la République démocratique du Congo et le Rwanda suscite des débats nourris dans l’opinion. Entre critiques virulentes et inquiétudes légitimes, les autorités ont décelé de revenir sur les termes du texte pour en restituer la portée réelle. Fondé sur le droit international et le respect de la souveraineté nationale, ce cadre vise un retrait encadré des troupes rwandaises, le retour progressif des déplacés et l’ouverture d’une phase de stabilisation.

Crédit Photo : Reuters.
Crédit Photo : Reuters.

Signé le 27 juin dernier à Washington, l’accord entre la République démocratique du Congo et le Rwanda continue de faire couler beaucoup d’encre. Dans les débats publics congolais, les critiques pleuvent : certains y voient une capitulation, d’autres une légalisation de la présence rwandaise sur le sol congolais, ou encore une mainmise sur les ressources nationales. Mais à bien lire le texte, une autre réalité se dessine — moins émotionnelle, plus stratégique.

Contrairement aux accusations les plus fréquentes, l’accord ne valide en rien une occupation militaire. Il fixe au contraire un délai clair : les troupes rwandaises doivent se retirer dans les 90 jours, sous supervision et de manière vérifiable. Ce retrait repose sur un plan de désengagement codifié et annexé au document, avec un mécanisme de coordination technique entre les deux États. Le préambule, quant à lui, réaffirme sans ambiguïté le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de chaque pays. Il s’agit donc d’un cadre de désescalade, non d’une concession de souveraineté.

L’exploitation des ressources naturelles constitue un autre point sensible dans la controverse. Pourtant, aucune clause de cogestion ou de cession n’existe dans le texte. Ce dernier évoque la possibilité de coopérations futures — dans la gestion de parcs, le développement énergétique ou la sécurisation des filières minières — mais toujours dans le respect du droit congolais. Mieux encore, il prévoit des mécanismes indépendants d’audit économique et de lutte contre la corruption pour garantir la transparence des partenariats à venir. Loin d’un blanc-seing au pillage, c’est une tentative de créer un cadre de coopération légale, surveillée, et donc moins vulnérable aux trafics.

Sur la justice et les droits humains, l’accord prend également position. Il conditionne toute réintégration éventuelle de combattants dans les forces de sécurité à des critères stricts : examens individualisés, exclusion formelle des personnes impliquées dans des violations graves du droit international humanitaire. Aucune amnistie n’est accordée, ni même suggérée. L’esprit du texte est clair : poser les bases d’un apaisement, sans sacrifier les exigences de justice à long terme.

Quant à l’argument d’une atteinte à la souveraineté nationale, l’accord y répond point par point. Le respect des frontières et des institutions est répété à plusieurs reprises. Le mécanisme conjoint de sécurité, purement technique, ne détient aucun pouvoir militaire autonome et ne s’exerce que sous mandat mutuel des deux gouvernements. L’autorité de l’État congolais reste intacte, y compris sur les questions de désarmement, de retour des déplacés ou de gestion des ressources. Certes, ce texte ne résoudra pas à lui seul une crise enracinée depuis plus de deux décennies. Mais il représente une tentative structurée de briser l’impasse. Il offre une feuille de route, certes imparfaite, mais concrète, vers une sortie de conflit. À l’heure où la population de l’Est du Congo continue de payer le prix fort d’un chaos, cet accord ouvre une fenêtre, fragile mais réelle, vers une stabilisation durable. Il ne mérite ni idolâtrie ni rejet dogmatique, mais une lecture lucide et exigeante — à la hauteur des enjeux.

LSI AFRICA

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