RDC : suspension du traitement artisanal du cuivre et du cobalt

La République démocratique du Congo a suspendu le traitement artisanal du cuivre et du cobalt, selon un décret consulté par Reuters, dans le but d'améliorer la transparence et de prévenir les exportations illégales, un problème récurrent dans ce pays riche en ressources minérales. Le Congo, premier fournisseur mondial de cobalt avec environ 70% de la production globale, lutte depuis des décennies contre l'exploitation minière artisanale illégale qui prive l'État de précieux revenus.

Le décret, daté du 19 décembre et signé par le ministre des Mines Louis Watum Kabamba, ordonne à toutes les entités traitant et commercialisant du cuivre et du cobalt artisanaux de suspendre leurs activités et de certifier l'origine des minéraux utilisés.   Une commission sera mise en place pour assurer le contrôle du respect des règles et vérifier la traçabilité ainsi que la légalité des approvisionnements, indique le document.

Reuters n'a pas pu déterminer l'impact potentiel sur les exportations illégales et le gouvernement congolais ne dispose d'aucun chiffre à ce sujet. « Cette suspension sera l'occasion d'identifier le flux et le volume des minéraux traités par les unités de transformation », a déclaré une source à la présidence. LICOCO, une organisation non gouvernementale congolaise qui lutte contre la corruption dans le secteur, affirme que de nombreuses entités opérant illégalement versent des pots-de-vin pour obtenir leurs permis et contourner les exigences prévues par le code minier.

En novembre, le Congo a lancé son premier lot de cobalt artisanal traçable afin d'assainir la chaîne d'approvisionnement et d'aligner la production sur les normes internationales en matière d'environnement, de social et de gouvernance. L'exploitation artisanale constitue un moyen de subsistance essentiel pour de nombreux Congolais, employant entre 1,5 et 2 millions de personnes et soutenant indirectement plus de 10 millions d'individus. Mais cette production non régulée est difficile à tracer, risque d'être confisquée par le gouvernement et fait grimper le prix du cobalt produit de manière éthique et traçable.