Terrorisme au Sahel : Cheikh Tidiane Gadio appelle à une riposte régionale urgente

Alors que l’instabilité gagne du terrain dans le Sahel, l’ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio, tire la sonnette d’alarme. Selon lui, un véritable califat islamique est en train de se structurer dans la région, menaçant directement l’existence même des États sahéliens si aucune réponse collective n’est rapidement engagée.

Pour Dr. Gadio, la CEDEAO, bien que fragilisée par les départs du Mali, du Burkina Faso et du Niger, reste une puissance régionale de 370 millions d’habitants, dotée d’un potentiel stratégique majeur. Il appelle à dépasser les frontières actuelles de l’organisation en intégrant des pays comme le Maroc, la Mauritanie ou encore le Tchad dans une alliance sécuritaire élargie. Car, dit-il, « la menace a désormais une envergure continentale ».

L’ancien diplomate insiste : l’État islamique avance vers les côtes. « Il veut un accès à la mer. Le Bénin est déjà dans sa ligne de mire. Et le Sénégal ne peut plus s’abriter derrière l’illusion d’une distance protectrice. » Le danger est là, concret, aux confins orientaux du pays, notamment autour de Kidira et Bakel, proches de la région malienne de Kayes, où des incursions ont déjà été signalées. « Le Sénégal est un pays convoité, infiltré, menacé. Et pourtant, la question de la sécurité reste largement absente du débat politique national », regrette-t-il. Il tient néanmoins à saluer le professionnalisme et la bravoure des forces de défense et de sécurité sénégalaises, qu’il considère parmi les meilleures au monde.

Mais, prévient-il, aucun pays ne pourra affronter seul une menace aussi structurée : « Notre armée est vaillante, mais elle ne peut pas tout. La riposte doit être collective, coordonnée, mutualisée à l’échelle de la sous-région. »

Cheikh Tidiane Gadio en appelle à un sursaut : unité, coordination et lucidité. Sans cette prise de conscience, conclut-il, l’Afrique risque de continuer à perdre du terrain face à une menace qui, dans bien des zones, gagne déjà du terrain.