TENSION
Soudan du Sud : Salva Kiir limoge son vice-président et potentiel dauphin
Coup de tonnerre politique au Soudan du Sud : le président Salva Kiir a brusquement démis mercredi son vice-président Benjamin Bol Mel, jusque-là perçu comme son héritier naturel. En quelques mois, ce dernier avait gravi les échelons du pouvoir à une vitesse exceptionnelle, avant d’être simultanément évincé de la vice-présidence et de la direction du parti au pouvoir.
- Politique

Credit Photo : AFP
Salva Kiir.
Le président du Soudan du Sud Salva Kiir a limogé mercredi son vice-président Benjamin Bol Mel, qui était pourtant considéré comme son successeur le plus vraisemblable après avoir connu une ascension politique fulgurante ces derniers mois dans ce pays instable. M. Bol Mel avait d'abord été nommé en février deuxième vice-président du pays, puis, en mai, numéro 2 du parti présidentiel derrière Salva Kiir - fonction dont il a également été démis mercredi soir.
La raison de ce limogeage surprise n'était pas claire dans l'immédiat, mais des médias locaux ont évoqué des luttes de pouvoir. "Moi, Salva Kiir (...) relève par la présente Son Excellence Benjamin Bol Mel de ses fonctions de vice-président chargé du pôle économique", est-il indiqué dans un décret présidentiel lu dans la soirée à la télévision publique sud-soudanaise SSBC. M. Bol Mel a également été destitué mercredi de son grade de général, auquel il avait été promu en septembre, et ramené au rang de simple soldat. Son limogeage survient dans un climat politique et sécuritaire instable dans le plus jeune pays du monde.
Le Soudan du Sud est ravagé par des conflits politico-communautaires récurrents depuis son indépendance du Soudan en 2011 et reste extrêmement pauvre malgré l'exploitation du pétrole de son sol. Des combats localisés entre l'armée et des milices favorables à l'ancien vice-président Riek Machar, rival politique du président Kiir, se sont intensifiés en mars.
Sanctionné par Washington
L'inculpation le 11 septembre M. Machar pour "crimes contre l'humanité" alimente les craintes d'une nouvelle guerre civile, près de sept ans après la fin d'un conflit sanglant entre les partisans des deux hommes, qui avait fait au moins 400.000 morts entre 2013 et 2018. Plus de 1.800 civils ont été tués dans le pays entre janvier et septembre et 300.000 Sud-Soudanais ont fui leur pays en 2025, selon l'ONU. Une source au sein du bureau de M. Bol Mel a indiqué à l'AFP que le nombre de ses gardes du corps avait été réduit mercredi matin, suscitant des spéculations selon lesquelles il avait été assigné à résidence - une information que l'AFP n'a pas pu vérifier.
Le média local Sudans Post a indiqué, citant des observateurs, que la chute de M. Bol était due à la suspicion grandissante qu'il tentait de contester l'autorité du président Kiir. Son mandat à la tête du pôle économique a également, selon le média, été entaché d'allégations de corruption, de mauvaise gestion des fonds publics et d'incapacité à maîtriser l'inflation et à stabiliser l'économie. L'homme d'affaires de 47 ans avait été mis en cause en septembre dans un rapport de l'ONU comme ayant participé via ses entreprises aux circuits de détournement de l'argent du pétrole au profit de dirigeants du régime.
Bien qu'il ait été sanctionné par les Etats-Unis en 2017 pour corruption, de nombreux analystes le considéraient comme le vraisemblable successeur du président de 74 ans à la santé vacillante.
LSI AFRICA avec AFP.
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