Tchad : 25 ans requis contre Succès Masra

À l’issue du deuxième jour du procès de l’opposant tchadien Succès Masra, le parquet général a requis ce jeudi 8 août 25 ans de prison ferme, assortis d’une amende globale de 5 milliards de francs CFA et du gel de ses biens. L’ex-Premier ministre de transition, président du parti Les Transformateurs, comparaît pour association de malfaiteurs, assassinats, et diffusion de messages à caractère xénophobe et raciste, des charges qu’il conteste fermement. L’affaire est liée aux violences de Mandakaou, survenues dans le sud du pays et ayant causé au moins 76 morts, selon les autorités. Succès Masra est accusé d’avoir incité à ces troubles via un enregistrement audio datant de mai 2023, dans lequel il aurait exhorté des habitants à prendre les armes.

Le procès, ouvert le 7 août devant la chambre criminelle de N’Djaména, a vu défiler la partie civile et les avocats de la défense. Masra, visiblement combatif, dénonce une “machination politique” visant à l’écarter de la scène politique, alors même que les accords de réconciliation signés en octobre 2023 prévoyaient des garanties d’apaisement. Parmi les 58 co-accusés, le parquet réclame la même peine de 25 ans. Toutefois, neuf prévenus pourraient être relaxés, faute de preuves suffisantes.

Succès Masra a été arrêté le 16 mai 2025 à son domicile, dans un contexte de vives tensions avec le pouvoir en place. Pour ses partisans, ce procès n’est que le prolongement d’une stratégie d’intimidation, dans un climat de fragilité démocratique au Tchad.