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Fin de coopération : le Luxembourg lâche le Sahel sous influence russe
Le gouvernement luxembourgeois a décidé de mettre un terme définitif à sa coopération au développement avec les pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) — le Mali, le Burkina Faso et le Niger. L’information a été rapportée par le média luxembourgeois L’essentiel, qui a obtenu confirmation du ministère des Affaires étrangères.
- Politique

Crédit Photo : droit tiers.
Les programmes de coopération bilatérale en cours prendront fin en 2025 et ne seront pas renouvelés. Quant à la coopération avec le Niger, elle avait déjà été suspendue depuis le coup d’État de juillet 2023 et l’incarcération du président Mohamed Bazoum, qualifiée d’arbitraire par plusieurs partenaires occidentaux. La rupture n’est cependant pas totale. Le Luxembourg continuera d’apporter son soutien aux populations vulnérables à travers des financements humanitaires. « Il n’est pas question de couper l’aide d’urgence », assure une chargée de projet humanitaire. Le Grand-Duché maintiendra donc ses appuis aux programmes mis en œuvre par les ONG, les agences multilatérales et les acteurs humanitaires présents sur le terrain.
Pour Thomas Kauffmann, directeur général de Médecins sans frontières Luxembourg, cette décision s’inscrit dans une évolution plus large : « Le Luxembourg a fait preuve d’une grande résilience. Il a été l’un des derniers pays occidentaux à rester engagé dans la région alors que d’autres avaient déjà tourné le dos. » Il reconnaît toutefois que la situation sécuritaire devient de plus en plus difficile, avec des menaces croissantes pesant sur les travailleurs humanitaires.
Ces retraits occidentaux surviennent dans un climat de fortes tensions géopolitiques. Les régimes militaires de l’AES ont multiplié les signaux de rupture avec leurs partenaires traditionnels pour se tourner vers de nouveaux alliés, notamment la Russie sur le plan militaire et la Chine dans le domaine des infrastructures. Ce réalignement s’est accompagné d’un rejet de l’influence occidentale, marqué par des discours nationalistes et une rhétorique ouvertement anticoloniale.
« Sur le terrain, le retrait progressif des bailleurs occidentaux se fait clairement sentir », déplore Thomas Kauffmann. Un constat partagé dans une enquête récente de Jeune Afrique, qui alerte sur les conséquences du désengagement international dans des secteurs clés comme l’agriculture, l’éducation et l’investissement privé. Malgré la fin de ses programmes de développement, le Luxembourg précise qu’il maintient des relations diplomatiques avec les pays concernés. Mais dans un environnement aussi instable, marqué par des risques d’enlèvement et un accès limité aux populations, la coopération traditionnelle devient difficile à maintenir. Le ministère confirme que les impératifs de sécurité ont pesé lourd dans la décision de mettre un terme à ses engagements bilatéraux.
LSI AFRICA avec L’Essentiel.
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