Nucléaire civil : la junte militaire ouvre les portes du sous-sol nigérien à la Russie

Le général Abdourahamane Tiani, a accordé une audience officielle à Serguei Tsivilev, ministre russe de l’Énergie et président de la commission intergouvernementale mixte pour la partie russe avec les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES). La rencontre s’est tenue lundi 28 juillet à Niamey, en présence de plusieurs membres du gouvernement nigérien. Le ministre russe a déclaré que le choix du Niger pour cette première visite "témoigne de l’importance accordée par Moscou au partenariat avec Niamey". Il a exprimé sa satisfaction quant à la qualité de l’accueil et aux échanges engagés avec les autorités nigériennes, saluant des discussions « dynamiques » et la richesse des présentations sur les potentialités économiques du pays.

Les échanges ont permis aux deux parties d’aborder les possibilités de mise en œuvre de projets communs, notamment dans le domaine de l’exploitation de l’uranium. Un mémorandum d’entente sur le nucléaire civil a été signé, en vue de développer une chaîne complète d’exploitation, avec l’ambition de structurer ce secteur de manière durable.

La coopération prévoit également un volet de formation des ressources humaines. Des cadres nigériens, notamment dans les domaines de l’énergie, de la santé, de l’éducation et de l’agriculture, bénéficieront de programmes de formation en Russie. Le ministre Tsivilev a précisé que des ingénieurs seront identifiés dès le niveau scolaire pour poursuivre leurs études dans des institutions universitaires russes. Le général Tiani a de son côté annoncé la désignation prochaine du coprésident nigérien de la commission mixte, afin d’assurer une coordination régulière des travaux conjoints.

La signature de ce mémorandum sur le nucléaire civil, aussi stratégique soit-elle, ne peut occulter certaines zones d’ombre. Aucun débat public, aucune communication claire sur les termes de l’accord, ni sur les modalités de partage des bénéfices issus de l’exploitation de l’uranium. Dans un pays qui revendique désormais sa souveraineté économique et le contrôle de ses ressources, confier un secteur aussi sensible à Moscou sans cadre transparent ni contrôle citoyen interroge. Reste à savoir si ce partenariat profitera réellement au peuple nigérien, ou s’il s’inscrira dans la longue lignée des accords déséquilibrés conclus dans l’opacité depuis l'arrivée de la junte.