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AVERTISSEMENT

Washington met en garde contre l'influence croissante de Pékin et Moscou en Afrique

Les États-Unis ont dénoncé mardi 13 décembre le rôle «déstabilisateur» de la Chine et de la Russie en Afrique, en déroulant à Washington le tapis rouge pour des dizaines de dirigeants africains et promettant des milliards de dollars d'aide dans le but affiché de regagner en influence sur le continent.

Crédit Photo : EVELYN HOCKSTEIN
Crédit Photo : EVELYN HOCKSTEIN

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken (4e g) et le ministre américain de la Défense Lloyd Austin (3e g) rencontrent le président angolais Joao Lourenco (4e d) lors du Sommet des dirigeants Etats-Unis-Afrique, le 13 décembre 2022 à Washin

Près d'une cinquantaine de dirigeants africains ont été invités à ce sommet, le second de la sorte après celui organisé en 2014 sous la présidence de Barack Obama, et que le président américain Joe Biden entend mettre à profit pour repositionner son pays sur le continent.

«Un effet déstabilisateur»

S'exprimant lors d'un forum sur la sécurité en présence de plusieurs dirigeants africains, le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin a d'emblée constaté que «la Chine étend son empreinte sur le continent quotidiennement (...) et cela pourrait avoir un effet déstabilisateur si ce n'est pas déjà le cas». Quant à la Russie, elle «continue d'envoyer des armes à bas prix et des mercenaires» à travers le continent, a-t-il dit. «La combinaison de ces activités de ces deux pays, je crois que cela mérite d'y prendre garde. Et il est clair que leur influence pourrait être déstabilisatrice», a poursuivi le chef du Pentagone.

«55 milliards de dollars à l'Afrique sur trois ans»

Dans cette offensive de charme américaine pour séduire des partenaires africains parfois réticents, les États-Unis ont mis la main au portefeuille, promettant de consacrer «55 milliards de dollars à l'Afrique sur trois ans», selon la Maison Blanche. L'administration Biden doit en distiller le détail tout au long de ce sommet de trois jours dans la capitale. Mardi, elle a annoncé l'octroi de jusqu'à 4 milliards de dollars d'ici 2025 pour l'embauche et la formation de personnels soignants en Afrique, tirant les leçons de la pandémie de Covid-19. Le premier jour du sommet a également abordé le sujet de l'exploration de l'espace avec la signature par le Nigeria et le Rwanda des accords Artemis sous l'impulsion des États-Unis. Il s'agit des premiers pays africains à le faire. Le président Biden doit intervenir mercredi et jeudi devant le sommet.

«Partenariat»

Il y plaidera notamment en faveur d'un rôle accru pour l'Afrique sur la scène internationale, avec un siège au Conseil de sécurité de l'ONU, et pour que l'Union africaine soit formellement représentée au G20. Lors d'un forum organisé en marge du sommet avec la diaspora africaine aux États-Unis, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a assuré mardi que la nouvelle stratégie des États-Unis se résumait à un seul mot: «Partenariat». Le tout, «en reconnaissant que nous ne pouvons pas régler seuls nos priorités partagées», a-t-il dit. Les États-Unis se gardent cependant de parler d'une compétition ouverte avec la Chine sur le continent. Pékin est le premier créancier mondial des pays pauvres et en développement et investit massivement sur le continent africain, riche en ressources naturelles. Outre les investissements, le changement climatique, l'insécurité alimentaire -- aggravée par la guerre en Ukraine -- ou encore les relations commerciales et la bonne gouvernance sont au centre de la rencontre.

Conflits régionaux

Le sommet et, en marge, sa cohorte de bilatérales, est aussi l'occasion d'aborder une série de conflits, de l'Éthiopie à la République démocratique du Congo (RDC). Le secrétaire d'État américain s'est ainsi entretenu mardi avec le président congolais Félix Tshisekedi, dont la capitale Kinshasa a été frappée d'inondations ces 24 dernières heures faisant plus de 100 morts, promettant d'aider à résoudre le conflit dans l'est du pays face à la rébellion du M23. Félix Tshisekedi a dit que son pays était «victime d'une agression déguisée du Rwanda via le mouvement M23», qui «déstabilise sérieusement cette partie de notre pays» et sollicité «le soutien et les pressions des États-Unis pour qu'on y mette fin». La RDC accuse le Rwanda de soutenir le M23, ce que Kigali dément. Le président rwandais Paul Kagame est également à Washington.

«Un moment historique pour le pays»

L'Éthiopie était aussi à l'ordre du jour en présence du Premier ministre Abiy Ahmed, dont c'est le premier déplacement à Washington depuis la signature d'un accord de paix, le 2 novembre, entre le gouvernement fédéral éthiopien et les rebelles tigréens, destiné à mettre fin à deux ans d'un conflit dévastateur. «Nous sommes devant, je pense, un moment historique pour le pays», a affirmé Antony Blinken en recevant le dirigeant éthiopien. Dans la matinée, les responsables américains s'étaient entretenus avec le président somalien Hassan Cheikh Mohamoud, saluant son action dans la lutte contre les islamistes radicaux shebab.

Ce dernier a cependant relevé que «les shebab ne peuvent pas être défaits que militairement. Il est important aussi de mobiliser la société». En marge du sommet, les États-Unis ont par ailleurs annoncé une nouvelle aide humanitaire d'environ 411 millions de dollars pour la Somalie, menacée par la famine en raison d'une sécheresse qui perdure.

Léon Bruneau et Valentin Graff

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