Brazzaville émet un eurobond de 670 millions pour alléger sa dette intérieure

Vingt ans après sa dernière émission internationale, la République du Congo effectue un retour remarqué sur les marchés financiers mondiaux. Le ministère des Finances a annoncé, le 5 novembre 2025, la levée de 670 millions de dollars (soit environ 380 milliards FCFA) via un eurobond à sept ans, assorti d’un taux d’intérêt de 9,875 %. L’opération, arrangée par Citigroup, marque une étape importante dans la stratégie de refinancement et de crédibilisation de la politique économique congolaise.

Les titres émis seront cotés à la Bourse de Londres, avec un remboursement échelonné entre 2028 et 2032. Les ressources mobilisées seront intégralement destinées au refinancement de la dette domestique arrivant à échéance entre novembre 2025 et février 2026. En pratique, Brazzaville remplace une dette de court terme, plus contraignante, par une dette de long terme à échéances mieux réparties, afin de soulager la trésorerie publique et de stabiliser le marché régional des titres publics au sein de la CEMAC.

Une opération pour restaurer la crédibilité financière

Pour le gouvernement congolais, cette opération vise à rétablir la confiance des investisseurs internationaux et à renforcer la gestion active de la dette publique. « Cette opération illustre le nouvel élan congolais : celui d’un pays qui conjugue discipline budgétaire, gouvernance exemplaire et ambition », a déclaré Christian Yoka, ministre des Finances. Il a salué le succès de l’émission, qu’il considère comme le fruit des réformes structurelles engagées depuis trois ans, notamment dans la gouvernance budgétaire, la transparence et la diversification économique. Cette levée de fonds intervient dans un contexte budgétaire tendu. Le projet de loi de finances 2026, présenté devant l’Assemblée nationale le 30 octobre, prévoit un besoin de financement de 641,5 milliards FCFA. Pour combler ce déficit, le gouvernement mise sur une stratégie mixte, combinant recours au marché régional de la BEAC et financements internationaux, afin de diversifier ses sources tout en maîtrisant le coût global de l’endettement.

Un rééchelonnement pour alléger la pression intérieure

Parallèlement, Brazzaville a procédé à un rééchelonnement de 304,87 milliards FCFA de dette intérieure, correspondant à deux échéances arrivées à maturité en octobre 2025. Cette opération, conduite avec les sociétés financières L’Archer et LCB Capital, a permis de prolonger certaines maturités jusqu’à trois ans, offrant un allègement temporaire de la pression sur la trésorerie de l’État. En renouant avec les marchés internationaux, le Congo cherche à restaurer sa crédibilité financière et à affirmer sa capacité de gestion dans un environnement mondial marqué par la hausse des coûts de financement. Cette stratégie prudente mais ambitieuse traduit la volonté de Brazzaville de stabiliser ses finances publiques tout en préservant la confiance des bailleurs de fonds.