Niger : la junte obtient 98,7 milliards FCFA de la BAD pour améliorer l’accès à l’eau

La junte nigérienne, pourtant prompte à vanter sa rupture avec l’ordre international, continue de s’appuyer sur les bailleurs multilatéraux pour financer ses priorités internes. À Niamey, le Premier ministre Ali Mahaman Lamine Zeine a signé ce 14 novembre un accord de près de 120,9 millions d’unités de compte — environ 98,7 milliards de FCFA — avec la Banque africaine de développement. Le financement doit soutenir un vaste programme de renforcement de l’accès à l’eau potable et de l’assainissement à Zinder, Mirriah et dans quatorze villages environnants, une région où les pénuries d’eau demeurent structurelles.

Selon le gouvernement, le projet répond à une urgence de longue date dans une zone marquée par une forte pression démographique, une géologie contraignante et les effets croissants du changement climatique. Il prévoit la connexion de 30 forages supplémentaires, la construction d’ouvrages de stockage d’une capacité totale de 4 500 m³, le déploiement de deux réseaux multi-villages, l’installation de 12 000 branchements sociaux et la réalisation d’une station de traitement des boues de vidange. La première phase inclut également des études destinées à préparer l’extension future du programme.

Pour la BAD, ce projet s’inscrit dans sa stratégie d’appui au Niger, notamment dans le développement des infrastructures hydrauliques et la résilience climatique. L’institution estime que plus de 700 000 habitants seront concernés, dont 483 000 bénéficieront d’un accès nouveau ou amélioré à l’eau potable. Les campagnes de sensibilisation devraient toucher plus d’un demi-million de personnes et permettre d’augmenter le taux d’utilisation des latrines de 23,5 % à 85 %. Le chantier générera par ailleurs plus de 1 200 emplois, dont une part réservée aux femmes et aux jeunes.

Avec ce nouveau financement, le portefeuille global de la BAD au Niger atteint environ 700 milliards de FCFA, répartis sur vingt-deux projets couvrant l’énergie, l’agriculture, les transports, l’assainissement et la gouvernance. Ce soutien constant confirme que, malgré une rhétorique souverainiste affirmée depuis le coup d’État, la junte demeure tributaire des institutions financières internationales pour conduire ses grands programmes économiques et sociaux.