CRISE BUDGÉTAIRE
Sénégal : la dette publique explose au premier trimestre 2025
La dette publique du Sénégal s’alourdit à un rythme préoccupant. À la fin mars 2025, les chiffres publiés par le ministère des Finances révèlent une détérioration rapide des équilibres budgétaires, marqués par un décalage entre recettes et dépenses, une envolée du service de la dette, et des arriérés qui s’accumulent.
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Crédit Photo : AFP
Ousmane Sonko, Premier ministre du Sénégal.
Au premier trimestre 2025, le coût du service de la dette a atteint 822,32 milliards de francs CFA (environ 1,4 milliard de dollars), en hausse de 23,98 % par rapport à la même période l’année précédente. La tendance s’inscrit dans le prolongement d’un quatrième trimestre 2024 particulièrement critique, où cette charge avait bondi de 44,5 % en glissement annuel. Ce renchérissement traduit le poids des remboursements aussi bien sur les dettes intérieures qu’extérieures.
Les rapports d’exécution budgétaire, publiés en retard ce lundi, montrent que près des deux tiers de cette dette sont contractés auprès des banques commerciales, tandis que le reste correspond à des arriérés de fonctionnement : impôts impayés, subventions en attente et factures fournisseurs.
Chute des aides extérieures et déficit structurel
Entre janvier et mars 2025, les recettes budgétaires mobilisées par l’État se sont établies à 1 027,82 milliards de francs CFA, soit à peine 21,44 % des prévisions annuelles. Dans le même temps, les dépenses globales — courantes et d’investissement — ont atteint 1 419,45 milliards de francs CFA. Ce déséquilibre s’aggrave sur fond de désengagement des bailleurs internationaux : les subventions extérieures ont chuté de 71,49 % en un an, tombant à 8 milliards de francs CFA.
Cette raréfaction des ressources est en partie liée à la suspension, l’année dernière, du programme du Fonds monétaire international (FMI) avec le Sénégal. L’organisation avait gelé ses décaissements après que le gouvernement a reconnu avoir transmis des données erronées sur sa dette et son déficit budgétaire. Le FMI, acteur central dans la stratégie de financement du pays, a indiqué qu’aucune nouvelle discussion ne serait engagée tant que les irrégularités ne seraient pas clarifiées.
Un endettement sous-estimé, des signaux d’alerte
Un audit de la Cour des comptes, publié en février, a révélé que le déficit budgétaire réel avait été sous-estimé de jusqu’à sept points de PIB par an. Ce travestissement des chiffres a eu pour effet de masquer une dette bien plus lourde que prévue : fin 2023, le ratio d’endettement aurait atteint environ 100 % du PIB, contre les 74 % annoncés par l’administration précédente.
Une éclaircie relative a été enregistrée au dernier trimestre 2024, avec des recettes fiscales supérieures de 3,91 % aux prévisions révisées, atteignant 4 005,21 milliards de francs CFA. Mais les dépenses ont poursuivi leur ascension, culminant à 6 506,16 milliards de francs CFA (+61,29 % sur un an). À cela s’ajoutent de lourds arriérés : 146,3 milliards de francs CFA pour les subventions énergétiques, et 105,2 milliards dus au secteur du bâtiment.
Les autorités sénégalaises réaffirment leur volonté de restaurer la discipline budgétaire et d’améliorer la transparence des finances publiques. Reste à convaincre les bailleurs et investisseurs que les réformes engagées seront suffisantes pour redresser durablement la trajectoire économique du pays.
LSI AFRICA avec Reuters
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