CRISE
Signal inquiétant : Standard & Poor’s dégrade la note du Sénégal
À cinq mois de l’alternance politique, le Sénégal encaisse un avertissement sévère : l’agence S&P Global Ratings dégrade sa note souveraine, pointant une dette écrasante, des échéances imminentes non sécurisées, et une gouvernance budgétaire mise à mal. Le signal est clair : sans refinancement urgent ni discipline fiscale, le pays s’expose à un défaut de paiement.
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Crédit Photo : DT
Ousmane Sonko, Premier ministre du Sénégal.
La dégradation de la note souveraine sénégalaise par l’agence S&P Global Ratings révèle la gravité de la situation financière du pays, à l’approche d’échéances cruciales pour sa dette. Vendredi, l’agence de notation financière américaine S&P Global Ratings, référence mondiale dans l’évaluation du risque de crédit, a abaissé la note de crédit à long terme du Sénégal en devises étrangères, passant de « B- » à « CCC+ ». Ce déclassement s’accompagne d’un placement sous surveillance négative (CreditWatch), signalant la possibilité d’une nouvelle détérioration de la note dans un avenir proche, en cas de difficulté à refinancer les prochaines échéances commerciales.
L’agence a également rétrogradé la note à court terme à « C », tout en maintenant la note en monnaie locale à « B- ». Ces niveaux traduisent un risque de défaut accru, dans un contexte budgétaire particulièrement tendu. Selon les projections de S&P, les besoins bruts de financement public du Sénégal pourraient atteindre 29 % du PIB en 2026, contre une estimation officielle de 26 %. La dette nette du pays s’élevait déjà à 119 % du PIB à fin 2024, un niveau parmi les plus élevés des pays notés dans la catégorie spéculative. Ce chiffre n’inclut pas les passifs des entreprises publiques ni les arriérés budgétaires.
L’arrêt brutal, en octobre 2024, du programme de 1,8 milliard de dollars conclu avec le FMI — après la découverte de dettes dissimulées sous le précédent gouvernement — a privé Dakar d’un soutien financier essentiel à taux préférentiel. Les négociations ont repris en octobre 2025, les autorités visant un retour sous la barre des 3 % de déficit d’ici 2027. Pour restaurer la confiance, le gouvernement a lancé un plan de relance baptisé Jubbanti Koom incluant des hausses d’impôts ciblées sur le mobile money, les jeux en ligne, le tabac et les boissons alcoolisées.
En parallèle, l’économie réelle affiche des signes de résilience. Tirée par le lancement de la production pétrolière à Sangomar et le développement du projet gazier Greater Tortue Ahmeyim, la croissance du PIB a atteint 12,1 % au premier trimestre 2025. L’exécutif table sur une croissance de 6,8 % sur l’année. S&P note par ailleurs que 70 % du programme de financement de 2025 est déjà exécuté, essentiellement grâce au marché régional de la dette. Mais cette solution reste coûteuse et instable, avec des taux supérieurs à 7 % et des maturités courtes.
L’agence n’exclut pas une révision positive de la note si Dakar parvient à refinancer sa dette et à engager un effort de consolidation budgétaire durable. Mais pour l’instant, cette dégradation agit comme un signal d’alarme : la crédibilité financière du Sénégal est à un tournant.
LSI AFRICA
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