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CONTREBANDE

Trafic d’or : le Ghana perd 11 milliards de dollars au profit des Émirats

Le Ghana, premier producteur d’or d’Afrique, voit chaque année disparaître des milliards de dollars de recettes fiscales à cause de la contrebande massive de sa production artisanale, principalement à destination des Émirats arabes unis. C’est ce que révèle un rapport publié le 11 juin par l’organisation non gouvernementale Swissaid, qui met en lumière les réseaux opaques reliant les mines ghanéennes aux marchés de Dubaï.

 

Crédit Photo : Droits tiers.
Crédit Photo : Droits tiers.

Image d’illustration.

Entre 2016 et 2021, le déficit commercial entre les exportations officielles d’or du Ghana et les importations déclarées par les Émirats s’élève à 229 tonnes, soit l’équivalent de 11,4 milliards de dollars. Une partie de cet or est introduite clandestinement au Togo avant d’être acheminée vers Dubaï, tandis qu’un autre flux transite par le Burkina Faso et le Mali, profitant de la porosité des frontières dans la région. « Ce n’est que la partie émergée de l’iceberg », estime Ulf Laessing, responsable du programme Sahel à la Fondation Konrad Adenauer, qui souligne que l’or transporté à la main par avion échappe facilement aux contrôles.

Le rapport pointe également la responsabilité des politiques fiscales ghanéennes. L’instauration, en 2019, d’une taxe de 3 % sur les exportations d’or artisanal a provoqué une chute des exportations déclarées, dopant la contrebande. Si la réduction de cette taxe à 1,5 % en 2022 a permis un léger redressement des flux officiels, le gouvernement a finalement décidé de la supprimer en mars dernier. Le ministre des Finances a salué une mesure qui aurait déjà favorisé un net rebond des exportations artisanales. Les autorités ghanéennes, bien que conscientes de ces dérives — un haut responsable de la Commission de réglementation des minéraux parlant d’un « fait notoire » — peinent à endiguer le phénomène. Les réformes engagées pour centraliser et assainir le commerce de l’or avancent « à un rythme assez lent », déplore Bright Simons, analyste au think tank Imani Center for Policy and Education, basé à Accra.

Cette situation n’est pas propre au Ghana. Le rapport de Swissaid fait écho à une tendance continentale : un écart persistant entre les volumes d’or exportés officiellement par les pays africains et ceux déclarés à l’importation par les Émirats arabes unis. Les tentatives de Dubaï pour réguler ce commerce et limiter la contrebande restent pour l’heure peu concluantes. Selon l’ONU, l’exploitation minière informelle fait vivre plus de 10 millions de personnes en Afrique subsaharienne, tout en alimentant le crime organisé et les conflits armés. Un défi de taille pour les États comme pour la communauté internationale.

LSI AFRICA avec Reuters

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